La villa se perchait au sommet d’une haute falaise. Entre l’océan et le ciel bleus. Entre le sable et soleil blancs. La chaleur. Le vent marin. Gustave Harrington naissait dans le plus idyllique des cadres. Outre l’héritage familial issu de célèbres croyances occultes, c’est par les moyens d’un père chirurgien et d’une mère physicienne que le ménage prospéra pour bien des années.

Fils unique. Choyé, pourri et aimé, il développa le syndrome de l’enfant-roi. A Noël, il était visité par ses cousins et, l’aîné de tous, Gustave présenta de fortes dispositions au leadership. C’était un enfant social, rieur mais aussi tyrannique et précoce.

Ses parents étaient profondément athées. Et même impies. Dieu avait une connotation si ridicule aux oreilles de ses parents que Gustave s’en intéressa rapidement. Ce qui était tût par toute la famille, c’était que l’enfant ressemblait très fortement à l’arrière-grand-père qui avait fait toute la fortune de la famille.

Il s’agissait d’un homme passionné et passionnant. Un archéologue qui se vit vite qualifier de pilleur de tombe lorsque ses méthodes commencèrent à aller à l’encontre des lois des pays qu’il visitait. Il se fit une très belle réputation de chasseur de trésor. Cependant, dans son obsession – car sa famille savait qu’il s’agissait d’avantage d’une obsession que d’une passion – il sombra dans la folie la plus totale et se fit interner jusqu’à sa mort à l’hôpital psychiatrique de Ste-Margareth.

Si son tragique destin força sa descendance à éviter les domaines trop sombres et occultes, Gustave, lui, était né avec cette passion du paranormal. Et à défaut de la partager avec qui voulait bien l’entendre, il entreprit de cultiver son savoir et s’abonna à plusieurs magasines sur le sujet. Il n’était même pas adolescent mais il était inconcevable que ces parents lui refusent quoi que ce soit, et ce, en dépit de tous ce qu’ils en pensaient. « Ca lui passera. » pensait son père. Naïvement.

A quinze ans, il se fit ami d’autres amateurs de l’horreur et ensemble, ils s‘amusèrent aux tables de Ouija, prononçaient 13 fois « Bloody-Mary » devant un miroir et se nourrissaient de légendes en tout genre. Et plus c’était trash et angoissant et plus ils en redemandaient.

Mais si pour beaucoup, l’entrée au lycée calma leurs ardeurs, il n’en fut rien pour Gustave. Il commença des études de journalisme et entra au journal de son lycée où il créa une rubrique spécialement pour lui. Il y enquêta sur les lieux hantés de la ville, ses légendes et alla de lui-même les vérifier sur les lieux. Ainsi, avec trois amis qu’il convainquit du sérieux de ses recherches, il fit sa première chasse aux fantômes. Sur lui, il n’avait qu’un magnétophone et une caméra. Ils entrèrent dans le manoir à 23h03. A 00h32, ils s’enfuirent de la maison en courant.

Plus aucun de ses amis n’osèrent l’accompagner. Cependant Gustave ne s’arrêta pas là. Il réunit quelques amateurs de l’extrême  et avec cette joyeuse bande, il décida de retourner dans le manoir. Ce qu’il y vécu acheva de le convaincre de l’existence d’une vie possible après la mort. Lire des articles était une chose. Les vivre en était une autre.

Gustave passa son permis.

Les évènements s’enchainèrent. Si à cette époque, les téléphones portables et l’internet n’existaient que pour les entreprises et les hommes d’affaire, c’est en postulant pour l’un de ses magazines préférés qu’il se fit connaitre du public. Il devint chroniqueur secondaire d’un fameux daily du paranormal des années 90. Il venait à peine d’entrer à la fac de lettre de sa ville.  

Lorsque l’internet se développa, Gustave emprunta le matériel d’un ami radioamateur et tenta de réunir tous les passionnés comme lui. Il donna un rendez-vous radiophonique à tous ceux qui le pouvaient sur l’un de ses articles. Une conversation d’environ 1500 radioamateurs (et presque 3000 personnes) embouteilla les ondes de toute la Virginie (et même plus), ce 14 février 1997.

Si cet événement fut médiatisé comme l’initiative la plus folle et la plus importante de toute la Virginie dans les domaines de l’occulte et de la radiophonie, on ne félicita guère Gustave qui dût payer une lourde amande pour les dommages causés. Ses parents payèrent et pour la première fois, sévirent très rudement. On lui retira son matériel et le désabonna de tous ses magasines. Il démissionna du journal et fut contraint à se concentrer sur ses études de journalisme pour lesquels il avait perdu tout intérêt et motivation.

Cela causa la principale fissure entre lui et ses parents. A 20 ans, il reprit son matériel, sa voiture, vola dans la caisse familiale et fuit la maison de la persécution. Il abandonna, pour sa passion, famille, amis, études et confort.

Il n’avait prévenu personne. Avait tout laissé derrière lui. Il avait 20 ans et la police considéra vite la théorie de la fugue. La vitre grande ouverte, la radio à fond, Gustave avait pris la route pour ne plus jamais revenir.

Il commença à squatter les hôtels. Puis devint tout à fait nomade après s’être correctement habitué à la vie bohème. Dormir dans une voiture. Se laver dans des bains publics. Manger froid tous les jours. Pisser dans des buissons. Il s’organisa une petite vie de survivant. Man versus urban. Il filma toutes ses péripéties. De ses chasses aux fantômes à ses galères quotidiennes. Il rencontra du monde. Des road-tripers, des gens du voyages. Des locaux généreux et parfois même des amateurs d’occulte qui, le reconnaissant, s’empressait de lui offrir un peu de nourriture, un peu de chaleur.

Après un mois d’errance, le problème de l’argent se fit sentir. La voiture devenait trop petite. La nourriture devenait trop chère. Le carburant aussi. Il voulait s’offrir un téléphone portable.

Un ange lui tomba du ciel, en plein mois de décembre.

Il neigeait drue et la nourriture manquait. Quelqu’un frappa à sa  vitre. La bonté de cet homme, il s’en souviendra toute sa vie. Il était grelottant et l’illustre inconnu lui proposa de dormir chez lui. C’est Noël, monsieur. Gustave le remercia très fort et autour d’un gigot fumant, ils se racontèrent leur vie respective.

Il s’appelait Carl. Il était divorcé et père d’une charmante petite fille. Il avait fait des études de droit mais avait abandonné pour commencer à travailler. Il fit vendeur dans une petite supérette. Puis monta les échelons pour devenir directeur des ressources humaines pour une grande marque d’hypermarché. Il resta flou sur ce qui l’avait poussé à divorcer, d’abord. Puis lorsque Gustave parla de son « métier » de chasseur de fantôme, le regard de Carl s’illumina. Il pensait que sa maison était hantée mais sans preuve, l’Eglise refusait de faire quoi que ce soit. La cause de la rupture était là.
Oh, Carl en avait vécu de drôles d’expériences. Mais chaque fois qu’il tentait de filmer, de capter quelque chose, il ne se passait rien. Gustave mentit : Il dit qu’il se faisait payer pour rechercher des preuves de hantise ou au contraire, les démentir. Il fixa un tarif au hasard et Carl paya le prix fort.


Le bouche à oreille fit bientôt son rôle. Il visita l’ami de l’ami du cousin de la tante au père de l’oncle du voisin. Il eut l’occasion de s’acheter un téléphone portable. Ses affaires s’en portèrent mille fois mieux. Il recueillit de très bonnes critiques et crut bon de faire le tour des Etats voisins pour ses lubies paranormales. Son expérience le rend intarissable d’anecdotes. J’ai passé deux heures dans le compartiment d’une morgue, là où des milliers de cadavres ont été allongés avant moi. J’ai participé à des rituels vaudous. Je suis monté à plus de 120 mètres au-dessus du sol sur une plateforme branlante. J’ai été attaché à un arbre pendant plus de trois heures. J’ai visité un hôpital psychiatrique abandonné avec une camisole de force sur le dos. J’ai appris l’Espagnol pour pouvoir communiquer avec des soldats morts.

Un jour, on l’appelle. Une chaîne privée le veut. Il sera payé, lui assure-t-on. L’idée même de passer à la télévision le convainc.

Passé à la postérité, la vie de Gustave prenait une toute autre couleur. Il se laissa traîner dans les bureaux de grands spécialistes de l’occulte et du paranormal. Rencontra les fameuses têtes de la télévision. Son émission, si elle ne fit que peu d’audimat, resta longtemps l’une des premières du genre pour son époque. L’émission lui permit de compléter son matériel. D’expérimenter de nouvelles techniques. Et surtout : Il remplaça sa vieille bagnole par une camionnette dans laquelle il emménagea toute petite sa vie.

A l’ère du numérique, il se laissa offrir un ordinateur portable et fonda un blog sur lequel il hébergea les épisodes de son émission ainsi que des vidéos bonus où il mettait en scène sa vie privée. Une petite communauté se massa autour de ses vidéos et enorgueillit le chasseur de fantôme, encore loin d'être à l’apogée de sa carrière.

Lorsque YouTube monopolisa les internets en s’imposant partenaire officiel de Google, Guss trouva plus confortable de démissionner du contrat qu’il avait signé de trois ans épuisés avec la chaîne de télévision. YouTube sauta sur l’affaire. Doucement, les gars. J’y venais, de toute façon ! En parallèle de son blog qui ne servait plus qu’à publier les preuves de ses enquêtes, Gustave créa une chaîne toute spécialement pour ses vadrouilles nocturnes. Il se laissa séduire par ce que les administrateurs YouTube lui miroitaient. Au vu de ses nombreux abonnés, sa chaîne promettait d’être deux fois plus gratifiante que son émission télé.

Il se vit bientôt attribuer les titres d’enquêteur paranormal et de pionnier de la chasse aux fantômes. Les shows du paranormal et autres émissions à attrapes-couillons se l’arrachaient déjà.

Au sommet de sa carrière, l’attention de Guss se porte sur un petit quartier américain aux allures tranquilles. Il promet à ses abonnés de s’y installer et d’enquêter sur toutes les légendes qui frapperaient l’endroit. Il y resterait le temps qu’il faudra et filma tout le trajet qui l’amena à sa nouvelle destination.

Guss. Ou l’art d’être un trou du cul.

Ni bon, ni méchant. Juste extrêmement énervant. Gustave est un homme qui prône l’égoïsme comme première religion. Dans son monde, il est au-dessus de tout. De tous. Gustave est si haut perché qu’il vole. Qu’il plane. Personne ne peut l’atteindre, là où il est. Le chasseur prend de recul sur tout. Rien n’est sérieux. Inatteignable. Peut-être, au fin fond de toute cette vanité qui le fait suer de satisfaction, on pourrait trouver un peu d’humilité. Peut-être. Ses rares amis ont abandonnés.
Fidèle à lui-même. Guss est un homme dont la principale activité sera de vous faire bondir. Provocateur. Condescendant. Irrespectueux jusqu’aux bouts des ongles. Y parvenir sera sa plus grande satisfaction. Quand bien même cela signifiera qu’il aura le ne pété.

Gustave est un non-violent. De sa vie, il ne s’est jamais battu. Et n’est pas prêt à le faire. Malgré sa carrure lourde, Guss est un grand peureux. Il ne veut aucun problème avec les vivants. Il en a bien assez ainsi avec les morts. Cependant, tout comme l’est son paternel, Gustave est un casse-cou  qui n’a pas froid aux yeux. S’il craint les réactions imprévisibles des vivants, le monde du paranormal le fascine et ne lui fait plus du tout peur. Il n’en est plus à ses premières chasses. Lorsque, quand le bois gonflait par l’effet de la chaleur, il détalait en prenant ses jambes à son cou.

Cependant, si l’univers du surnaturel semble le mettre très à l’aise, ceux des vivants ne le rendent pas nerveux. Bien au contraire.

Guss est ce qu’on peut qualifier de bon vivant. Il aime les fêtes, les buffets à volonté, la musique et l’aime bien plus lorsqu’il peut danser dessus. Il aime fumer et fumer ce qui ne se fume pas. Boire ce qui est coloré, ambré ou odorant. Il aime les femmes. Les minces, les ronde. Les belles et les intellectuelles. Les transparentes et les extravagantes.
Gustave est un homme libre,  décomplexé jusqu’à l’os. Et il y tient.

Cependant, son obsession pour les phénomènes paranormaux fait de lui le plus sérieux et le plus exigeant des chasseurs. Son but premier sera de faire douter les sceptiques, à défaut de les convaincre. Pour cela, Guss est prêt au plus grand des professionnalismes. Il sera le premier à réfuter une preuve qu’il jugera insuffisante.

Gustave est d’un respect tout particulier pour les entités paranormales. En entrant dans une lieu dit « hanté », il dira bonjour, demandera permission. Et n’imposera pas sa présence à une entité intelligente.

Gustave est fait de complexité. Si ses amis apprennent à le connaitre, le chasseur reste un imprévisible de longue date.

Un surnom ? : PnP
Ton âge réel : 20 tout pile.
Étude/travail : Etude arts du spectacle Théâtre.
Passions : Multiples et nombreuses. Le paranormal et l'ésotérisme en prend une grosse partie.
As-tu déjà vu Insidieux ? : Je l'ai vu lors d'une soirée horror. Du coup, je n'arrive pas à me souvenir de l'histoire. Des protagonistes,... Bref. Ca date.
Comment as-tu trouvé ce forum ? : Sur PRD.
Qu'est-ce que tu en dis ? : Très sympathique. Je cherchais justement un forum axé fantôme et paranormal sans tomber dan du Supernatural pur et dur où ça fait boum.
Code à trouver dans les règlements : Insidious is insidious.