En toutes âmes confondues — Alex

En Toutes Âmes Confondues

_Barbanas Mordecai.

Je tends la main sur deux parents. Une femme dont le ravissant visage est ravagé par des larmes et un homme dont il est difficile de dénombrer les cernes. C'est triste à voir. Nous échangeons une poignée de main. La femme me dis d'entrer en reniflant sur son mouchoir. Je ne peux que leur offrir, pour l'instant, un tendre sourire de réconfort. Je retire mon chapeau que je presse délicatement sur mon torse et la porte se referme derrière moi sur une journée magnifiquement ensoleillée. Non, je ne m'y suis pas encore habitué, à ces beaux temps.

À mon dos, un sac à dos. À ma paume, une boîte de carton. Je regarde mes hôtes. Ils sont silencieux. Peut-être sceptique, je ne sais pas. Je ne sais jamais comment l'on perçoit mon arrivée dans ces cas, mais chose certaine, il y a cette phrase que je dicte très chaleureusement, peut-être par cœur:

_Ne vous en faites pas. J'ai déjà fait cela plusieurs fois auparavant. Tout va bien aller. Des gâteaux?

Je tends la boîte de carton et l'ouvre sur une série de pâtisseries de noir chocolat. Je ne sais pas si il y a toujours de la défiance en eux ou simplement l'opportune réflexion, mais ils ne réagissent pas. La mère racle sa gorge poreuse des pleures, sans doute.

_Je les ai faits exprès pour vous remonter le moral.

Dit mon accent d'outremer prononcé.

La maman sourit et prend la boîte, m'invite au salon. M'explique la situation alors que nous prenons place sur les canapés. Elle dit que leur maison est hantée. Qu'il y a des phénomène étrange. Que leur fils est gravement malade. Je fronce les sourcils. Cette maison n'est pas hantée. Je l'aurais sentit à mon arrivée. Et bien que je ne ressente toujours rien, je continue à croire et écouter les paroles de la femme. Le père prend la relève. Il dit avoir vu des choses inexplicables, un visage horrible, avoir entendu de la musique inconnue et impossible... Il dit penser à déménager. Je serre les dents. Vais glisser derrière mon oreille une mèche rebelle. Je lève la main sur l'histoire de l'homme qui est d'angoisse lui aussi, sans nul doute. Pour le taire, bien poliment et doucement.

_Quelle genre de maladie a votre fils?

Un coma, il me réponde. Les docteurs ne peuvent comprendre exactement ce qu'il a, mais il ne peut plus se réveiller. Impossible. Sa mère craint qu'il ne meurt. Fond en larme... D'une voix sereine, je dis:

_Écoutez... Je ne peux rien prédire jusqu'à maintenant. Mais ce que vous me décrivez sont les... «symptômes» archétype d'un voyageur astral. Il s'agit d'être, comme votre fils je soupçonne, qui sont capable d'entrer en contact, volontairement ou pas, avec un autre monde. Ces voyages ne sont pas physique, il s'agit plutôt de... l'esprit qui traverse une frontière. Lors d'un profond sommeil, par exemple...

Je termine en caressant frêle le bout de ma barbe. Les parents me regardent bouche-bée, ne réagissent toujours pas. Après les atrocités dont ils ont pu être témoins, on ne sait plus à quoi croire, c'est sûre. C'est une routine pour moi. Que je déteste, c'est sûre. Je m'avance un peu plus sur mon siège et prend ton de la confidence, presque un murmure...

_Votre fils court un grand danger si personne ne l'aide. De... l'autre côté, il y a... Des choses qui veulent du mal. Son esprit pourrait resté coincé aux griffes de... quelque chose qui tente de s'incruster ici, dans cette maison. D'où la raison des apparitions dont vous avez été témoins. Ce n'est pas votre maison qui est hantée. C'est votre fils.

Les parents semblent terrorisés. Je m'arrête. Avale difficilement. Reprends.

_Je peux l'aider. Donnez-moi votre accord et je ferai tout mon possible pour le ramener. Et rejeter ce...

Je ressens pression atroce sur ma poitrine. Qui me couple le souffle, m'empêche de respirer. Je me relève et grimace dans la douleur, porte une main à mon cœur. Je me sens alourdir, terriblement, et l'éclairage de la pièce n'est plus à mon œil. L'endroit est pratiquement noir, et impossible à déchiffrer. Une odeur de souffre me vient à l'odorat et un fond de terreur s'installe dans l'endroit. Puis, je sursaute. Un cri qui n'a rien d'humain, rien d'animal, qui semble projeté des profondeur d'un thorax en brasier hurle dans mon ouïe. Je me retourne vivement vers sa provenance: les escaliers menant au deuxième étage. Quelqu'un n'est pas content de ma venue. Ou quelque chose...

«Qui a-t-il?» demandent les parents.

_Votre fils dort au deuxième étage?

Oui.

_Il est seul?

Oui.

Je marche vers les escaliers lentement. Je tends le cou afin de vérifier prudemment le haut des marches, prudence à ne pas de faire prendre par surprise comme il m'est arrivé quelques fois. J'arrive au bas des marches et regarde où elles mènent. En haut, je ne discerne que le noir le plus total. Et des grognements, des rires sinistres. Un démon. Il n'y a pas d'autres explication. S'il tente de m'effrayer, il apprendra bien vite que j'éprouve pitié pour le gamin possédé que de la peur pour cet être immonde. Mon visage reste paisible. La pression sur mon torse diminue jusqu'à mourir, mais une brise glaciale vient me faire frissonner.

_Comment s'appelle votre fils?

Alex.

Je mets ma main sur la rampe d'escaliers et fait un pas dans les escaliers. Les grognements s'intensifient au second étage puis disparaissent. L'homme et la femme, qui n'entendent et ne voient rien de ce que je vois, je regarde d'un drôle d'air inquiet et tente de voir ce qu'il se passe au second.

_Restez ici, c'est bien important. Je vous appellerez s'il y a quoi que ce soit.

Puis je m'engage dans l'escalier. Le froid et le noir m'engloutissent comme un voile sur ma peau. Sous mes bottes, les lattes grincent et je fixe le néant en face de moi avec détermination.

_Je ne quitterai pas cette maison sans avoir éveillé Alex.

Je dis à basse voix à l'intention de celui qui me nargue. Je joue franc jeu, je lui fais par de ses intentions. Qu'il tente ce qu'il veut, je lui démontrerai que j'ai pouvoir sur lui.

Arrivé, il n'y a rien. Que le vide. Le silence le plus total. Les escaliers ont disparues. Je sais qu'il ne s'agit d'une illusion et longe le corridor. Je sens et alors une respiration saccadée et fébrile. Elle semble se déplacer autour de moi. Je mets un genou à terre et pose mon sac à dos sur le sol. Y sors une boule à neige contenant un arbre rouge vif dans une tempête de cendre infinie. Le verre semble émettre une lueur contrastant à l'obscurité.

Je concentre mes énergies sur la boule à neige, la fixe ardemment. J'ai l'impression lourde qu'un doigt poisseux me lèche la nuque. Et je tente de l'ignorer. J'entre en contact avec mon précieux objet. Je me sens fondre, je me sens tremper dans l'obscurité. J'entre en contact avec l'autre monde.

_Alex. Peux-tu me parler? Alex, es-tu là?

©BOOGYLOU.

PART I : I'M NOT A FRIEND

Mon cellulaire vibre, j'ai une dizaine de notifications. Je n'ai pas le temps de regarder, ma dissertation est à remettre demain matin et je m'y prend évidemment à la dernière minute. Normalement, je ne suis pas du genre stressé, mais j'ai visiblement sous-estimé l'ampleur de la tâche. Minuit, puis une heure du matin et je n'ai toujours pas terminé. Mon corps réclame le sommeil et m'arrache toute concentration et motivation. Mes yeux se ferment par automatisme et je tente de lutter, mais je succombe et m'endort sur le clavier de mon portable.

Je me réveille en sursaut et je panique, il faut absolument que je termine ce travail sinon je risque d'avoir un échec à cette matière. Avec le déménagement et toutes ces histoires de voyages astraux, mes notes ne sont pas les meilleures. Alors que je m'apprête à reprendre le travail, mon visage se fige. Je me lève brusquemment de la chaise alors que je constaste avec effroi que mon propre corps est encore endormi sur le clavier. Je pince la peau de mon corps astral et pousse un soupir. C'est encore arrivé. Probablement à cause du stress de fin de session. La chambre est plongée dans une obscurité intense et le même brouillard léger plane au sol. Un bruit de meuble qui tombe au niveau inférieur me fait faire un saut. Je prend une lampe de poche et entreprend d'aller voir ce qui vient de se passer. Probablement pas la meilleure idée, mais ma curiosité me pousse à y aller. Dans le pire des cas je n'aurai qu'à foncer dans mon vrai corps pour sortir d'ici.

Un silence intense et angoissant règne dans ma maison. Je marche dans le couloir du deuxième étage et me dirige vers l'escalier. Je descend chaque marche jusqu'à ce que ma lampe de poche éclaire le rez de chaussée. Tout semble en ordre, mis à part cette commode qui est renversée. Méfiant, je m'en approche lentement en regardant partout autour de moi. Alors que j'allais y toucher, un bruit étrange fait frissonner d'effroi tout mon corps. C'est un peu comme le son rauque qu'on produit en vomissant. Je n'ose pas me retourner, de peur de croiser le regard de ce qui me tient surement compagnie depuis un moment déjà.

Alex
Qu.. qui est là ?

Aucune réponse ne me parvient. Je prend mon courage à deux mains et je me retourne en gardant la lampe de poche au sol. Deux yeux d'un rouge vif me regardent, tapis dans l'ombre du salon. Le même son rauque parvient à mes oreilles et je m'apprête à courir vers les escaliers, me doutant bien que la chose n'est pas venue pour être mon amie. Elle sort alors lentement de l'ombre et mes yeux s'ouvrent tous grands. Un démon se tient devant moi, le dos courbé. De forme humaine, sa peau est brulée et aussi noire que le charbon. Des lambeaux de chair pendent de partout et une partie de son crâne est exposée. Je suis figé par la peur et mes jambes ne m'obéissent plus. Le démon murmure mon nom complet et c'est suffisant pour que je reprenne contrôle de mes jambes et que je commence à courir vers les escaliers. Rapide, le démon attrape mes jambes et me fait trébucher. Il me tire ensuite jusqu'en bas et empoigne mes bras pour me maintenir au sol, face à lui. Il approche son visage hideux vers moi et une goutte de sang noir et pourri tombe sur le miens. Je fixe ses yeux et perd conscience.

Je reprend conscience dans un endroit que je ne connais pas et qui semble être de toute évidence le repère du démon. La panique s'empare de moi. Étant égaré dans l'autre monde, les chances que je puisse retrouver mon corps endormi sont maigres. Il faudrait d'ailleurs que j'échappe au démon.

2 semaines plus tard

Voilà deux semaines que je suis prisonnier de cet endroit étrange. Le démon passe la majorité du temps à apprivoiser mon corps dans le but d'en prendre possession. L'opération attire probablement d'autres démons ... du moins c'est ce que j'en crois en me rappelant les informations de cette Maeva Renoir. Si seulement je pouvais suivre mon bourreau sans qu'il me voit, je pourrais retracer mon chemin jusqu'à mon vrai corps. Je frotte mes yeux en réfléchissant. Une voix en écho attire ensuite mon attention. Elle se clarifie lentement. C'est un homme que je ne connais pas, mais qui connait mon nom.

Barnabas
Alex. Peux-tu me parler ? Alex, es-tu là ?

Quelqu'un veut m'aider ? Cette voix me vient-elle du monde des vivants ? Je réalise ensuite que l'homme se met en danger en agissant de la sorte.

Alex
Tais-toi ! Tais-toi il va t'entendre !

Comment quelqu'un du monde réel pourrait me sauver ? J'ai perdu tout espoir et j'espère que l'homme comprendra le message.

©PorcelainDetox

En Toutes Âmes Confondues

Ma boule à neige se met à scintiller. En son intérieur, l’arbre de cramoisi se meut et se fond dans une tempête de flocons minuscules. Le brouhaha de mille roses des vents s’apaise et laisse découvrir un décor tout autre. Se dresse dans la scène du verre un décor qui me fait penser à la maison dans laquelle j’ai les pieds. Mais beaucoup plus sombre. Dans un état d’abandon lamentable, de chaos passé et de cendre de rage. Et je vois, dans cette boule à neige, haletant et coincé, un jeune homme, tout jeune, à la chevelure blonde et à la peau pâle. Il semble déshydraté comme si le désert lui avait volé quatre années de vie. Il me parle. Me dit de me taire. Je ne compte pas l’écouter. Je sais très bien que le démon risque de m’entendre. D’ailleurs il sait déjà que je suis dans sa zone. Si ça se trouve, il a déjà décidé d’un moyen pour me tuer.

Je me concentre sur le décor de la boule de neige, la regarde sans relâche. Perd le son des souffles autour de moi et ne pense plus qu’à mon battement de pouls et à Alex. Les secondes prennent leur lenteur et le sol se dérobe sous mes pieds en toute tranquillité. Je prends quelques minutes à graver l’autre monde en moi. Je transfert toute mon énergie dans l’objet et ferme les yeux. Je garde un genou à terre, mais mes épaules et mon menton tombe lourdement. Dès que j’ouvre la paupière, je suis debout dans une pièce sombre, d’immenses vides. Sur des meubles de charbons gisent des souvenirs qui ne valent plus rien, et au bout de la pièce, le jeune homme emprisonné qui craint, qui souffre. Mon corps semble flotter, me paraît immatériel. Une partie de ma conscience est maintenant dans cette boule de verre, miroir menant vers l’autre monde, tandis que mon corps veille au deuxième étage de cette maison de banlieue. Bien certainement que je n’ai pas le talent des voyageurs astraux. Ma présence dans le repère de la bête est désincarnée et temporaire. Cette technique est très efficace. Je l’emploie bien souvent, quoi qu’elle est à risque. Si le démon se rend compte de la brèche que je forme depuis la boule à neige, il peut trouver un moyen de pénétrer où on ne le désire pas à sa guise. Je dois faire vite.

Je prends souffle en examinant les lieux nouveaux. Il n’y a mouvement, que des poussières de lueurs qui approfondissent les chemins possibles. Je m’avance avec un regard derrière mon épaule vers Alex. Je me baisse à sa hauteur en glissant une mèche derrière mon oreille. Je porte une main devant lui pour lui dire de ne pas paniquer, et lui porte une regard chaleureux qu’il sache mes bonnes intentions.

_Je suis ici afin de te sortir du pétrin, prononce mon accent d’Angleterre. N’aie pas peur et dis-moi comment je pourrais t’aider.

Ce n’est pas un murmure, mais presque. Je remarque alors la chaîne qui le maintien. Je la soulève délicatement pour qu’aucun cliquetis métallique ne se fasse entendre et tire de ma poche un trousseau d’épingles fines. Une pour chaque type de serrures que l’on peut trouver. Je choisis la bonne et commence à tenter d’ouvrir la chaîne qui le garde cloué à la poutre. Alors que je m’exécute, j’entends un grognement provenant d’une pièce ou d’un corridor derrière moi. Je m’arrête, tourne mon cou pour vérifier mes arrières. Il n’y a personne. Enfin, il n’y a rien. Mais je ressens une vague d’énergies noires comme le charbon. De toutes sortes. Aussi faibles que puissantes. Je commence à craindre le pire, c’est à dire que la puissance que le démon a acquise avec Alex n’ait donné la possibilité à d’autres de s’introduire ici. J’inspire lourdement. Il n’y a pas une pulsation d’aorte à perdre. Je retourne mon attention sur le garçon, elle porte un air inquiet sur des sourcils légèrement froissés.

_Tu sais combien ils sont?

Je n’ai à peine le temps d’entendre réponse que mon corps est propulsé fortement vers l’arrière et mon dos se bute violemment à un mur. J’inspire le souffle de la surprise et de l’haleine, comme si je revenais d’une plongée de plusieurs heures. Je cligne des yeux. Je suis de retour dans le noir de ce deuxième étage de maison très banale de banlieue. Une ombre gigantesque se trouve à l’endroit exact où j’avais posé genou à terre, et elle soupir un rugissement d’entre oeusophage. À ses pieds roule la boule à neige. Pour Alex, je dois m’être dissipé soudainement. Ici, sur Terre, j’ai un mal terrible à l’épaule que le démon a percuté de toutes ses forces en s’évadant de son antre. Car oui, je crains fortement que la brèche de quelques minutes fusse-t-elle eut éveillé la chose qui a profité de l’occasion pour mettre les pieds dans la maison des Jordan.

Je reste immobile devant l’horreur de cet événement. Je dois faire quelque chose, sinon leur maison et peut-être tout le voisinage n’est bonne que pour les flammes. Je vois mon précieux bibelot rouler vers les escaliers et saute dessus avant qu’il ne les dégringole et ne se casse. La lueur en celui-ci est toujours présente, mais maintenant faible. Très faible. Le démon non loin de moi fait bruit gutturale et renifle l’air. Il est en territoire inconnu. Moi aussi, d’ailleurs. Je roule sur le côté pour me retrouver dans une pièce. Un garde robe bien grand munit d’une fenêtre montrant les ténèbre et le rien. Je referme la porte sans bruit et soupir. Je ne crois pas que le monstre m’ait vu.

Je m’accroupis dans un coin de la pièce, contre une robe de velours que ma grand-mère portait de certaine valeur, et prend mon écharpe afin de polir ma boule à neige. Dans celle-ci, le décor de l’autre monde est toujours visible. Le garçon, toutefois, est manquant. Mon cœur bat chamade.

_Alex! Alex dis-moi que tu es toujours présent! Alex!

Cette fois, c’est un murmure. Des pas résonnent dans le corridor. Je cesse de parler. J’ai un plan. Il me faut un miroir. Un grand miroir pour plus de facilité. L’opération sera délicate, mais faisable. Je compte faire un transfert d’énergie, ressortir Alex son sommeil et repousser le démon à sa place à l’exact même moment. Si l’adolescent ne parvient pas à sortir, nous retombons à la case zéro. Peut-être pire, puisque le démon sera déjà sur ses gardes. Si je ne parviens pas à faire retourner le démon dans sa demeure, c’est Alex qui est perdu.

J’espère simplement avoir eu le temps de le délivrer… Sinon, l’épingle lui est toujours à portée de mains. Faites qu’il s’en sorte!

©BOOGYLOU.

PART II : THE DEMON HAS A PLAN

Elle n'est pas loin, cette chose va l'entendre et elle va m'en faire payer le prix. Il ne répond pas, peut être a-t-il décidé d'écouter mes avertissements. Puis je les vois. Ces deux yeux rouges vifs qui percent les ténèbres. La chose semble poser un doigt devant sa bouche pour me forcer au silence alors qu'une étrange poussière commence à s'agiter non loin de moi. Elle se matérialise lentement et un homme aux cheveux longs prend forme, faisant face au sol. Est-ce l'homme qui me parlait ? Comment a-t-il réussi une telle chose ?

J'ai peur. Peur pour moi et peur pour l'homme. Si le démon me force au silence, c'est qu'il a déjà une idée de ce qu'il va faire. Dois-je crier à l'homme que le démon est ici ? Je m'efforce de le voir, mais il a disparu. Peut être est-il déjà trop tard. L'homme s'avance vers moi en regardant attentivement les moindres coins du repère de la bête, puis se penche.

Barnabas
Je suis ici afin de te sortir du pétrin. N’aie pas peur et dis-moi comment je pourrais t’aider.

Je n'ose pas répondre, je suis paralysé par la peur. Où est ce foutu démon ? L'homme perçoit alors les chaines autour de mes poignets. Celles qui me retiennent prisonnières depuis plusieurs jours et qui sont tachées de mon sang. L'étranger tente de m'en libérer à l'aide d'un trousseau, mais un grondement se fait entendre. Le démon est toujours là.

Barnabas
Tu sais combien ils sont ?

C'est à ce moment que je compte tout lui avouer. La présence de mon bourreau et son geste de la main. Je tente de parler, mais la peur fige mes cordes vocales. Nous allons mourir tous les deux et je le sais très bien. D'autres démons ? J'en ai vu quelques uns, mais celui qui m'a capturé les chasse rapidement d'ici. Ils veulent mon corps et cette chose la veut pour elle seule.

Alex
J... je ... plusieurs ... il est ...

Trop tard, j'ai trop attendu. Le démon hideux sort des ténèbres et se jette sur l'homme. Il le tire vers l'arrière et les deux disparaissent dans un nuage de poussière. Le trousseau de clés est la seule chose qui reste. J'allonge les bras pour l'atteindre, mais sans succès. Il ne manque que quelques centimètres. Je m'allonge alors sur le sol en faisant face à la colonne à laquelle la chaine est attachée. Je me sers ensuite de mes jambes pour emmener le trousseau vers moi. Maintenant à portée de mains, je le prend et tente de me souvenir de l'épingle que l'homme utilisait. En espérant qu'il ne lui est rien arrivé par ma faute. Le mécanisme émet un petit son alors que le cadenas s'ouvre. Je me libère avec plaisir de mes liens métaliques et je me lèves en frottant mes poignets blessés.

Dois-je attendre le retour improbable de l'homme ? La question se pose, mais je décide qu'il est plus prudent de tenter de m'évader d'ici au cas où le démon reviendrait glorieux de son escapade dans le monde des vivants. J'emprunte le chemin que celui-ci prend toujours en croyant qu'il s'agit de la sortie de son repère. Je marche d'un pas léger, afin de ne pas attirer l'attention des autres démons. À la sortie, je suis rapidement au centre d'un épais brouillard. Des cris se font entendre. Je perd presque tout espoir de retrouver ma maison dans ce néant. Mais il le faut, sinon je serai prisonnier de ce monde à jamais.

©PorcelainDetox

En Toutes Âmes Confondues

Aucune réponse. Ma gorge se serre d'inquiétude, mais je ne perds espoir. Peut-être est-il seulement dans un mutisme involontaire mais obligatoire. Je frotte de la robe de velours ma boule à neige qui s'illumine faiblement. Il doit me répondre; je suis dans le noir le plus total et je dois trouver un miroir. Des pas se font entendre, juste derrière la porte. Des pas lourds et lents, comme une bête qui cherche sa proie. Un faible rire qui n'a rien d'humaine s'échappe de sous la porte. Je serre des dents et pousse un grognement, faiblement. Ce n'est pas le moment pour le démon de trouver l'emplacement de ma cachette, mais il mettra la main sur moi dans peu de temps. Je retourne mon attention sur mon objet brillant.

_Alex? Alex où es-tu?

Je crains qu'il n'ait pas pu se délivrer ou, pire, que le démon en ait fini de lui d'une quelconque manière en s'évadant de son monde. Puis bouge une boucane dans le verre. Non, plutôt une brume, un brouillard. Brouillard épais et mouvant d'où surgit l'adolescent, complètement perdu. Je soupire de soulagement, échos dans mon ouïe. Autour de moi, le plus grand des silences. En espérant que le démon me pourchasse encore. Sinon, il a sûrement de plus odieux desseins... Je concentre tous mes pouvoirs sur la boule à neige, puis sur Alex.

_Alex, tu vas suivre ma voix. Je suis chez toi, dans... dans le garde-robe du second étage. Suis ma voix. Tu m'entends? Si tu vois quelqu'un, surtout ne...

Bruit fracassant et éclats de bois. Je sursaute et me pousse sur le sol. Une patte gigantesque, noire et parsemée de braise, vient de faire un trou dans la porte. C'est trop tard, il a découvert ma cachette, mon cul de sac! Le seul moyen de m'en sortir est de quitter cette pièce. Le bras du démon semble coincé dans la fente qu'il a commis. Je vois son œil furax me toiser au-delà des lattes. L'un des gonds du cadre s'est arraché et son membre arrache tout comme s'il n'avait s'agit que de vulgaire carton. Je me redresse sur pied rapidement et prends course vers la porte. Après avoir évalué la situation, je préfère prendre ce moment de chance pour foncer. D'une course puissante et rapide.

Je plaque la porte de toute mes forces. Celle-ci se déboîte et écrase la créature qui hurle de douleur et de rage. Je continue ma course en titubant dans les corridors. Aveuglement, puis que je ne connais ni l'endroit, ni sa lumière. Il n'y a que ma boule à vers qui éclaire mon passage. Je zigzague ma course en déséquilibre et entend le monstre se débattre de son propre piège. Il s'en extirpera bientôt.

_Alex! Tu dois me dire vite où je pourrais trouver un miroir... un grand miroir au second étage!

Je suis haletant, mais garde contrôle de ma voix. Je m'arrête. Je n'ai plus aucune idée de mon emplacement, sinon que je suis à plus ou moins quatre mètres du garde-robe. Je penche mon regard sur la brume tempête dans la boule à neige. Alex n'y est plus. Je maudis, secoue l'objet... Le brouillard se secoue doucement à l'intérieur, mais aucun signe du jeune garçon.

Cri de victoire derrière moi. Cri de vengeance. Hurlement de colère. Le démon s'est libéré et se relève. Je tâte le mur à ma gauche et tombe sur une poignée de porte comme un miracle. J'ouvre, pénètre dans la salle inconnue, et referme derrière moi sans un bruit.

©BOOGYLOU.

PART III : FINDING A WAY BACK

Le brouillard est dense et je vois à peine plus loin que le bout de mon nez. Je me demande alors quelle force maléfique peut arriver à guider les démons dans cet endroit. Chaque pas de plus m'éloigne lentement de la tanière du monstre et me rapproche peut être d'un endroit bien pire. Plus aucun signe de l'homme qui est venu me sauver. J'espère que rien ne lui est arrivé par ma faute.

Alors que j'avance vers l'inconnu, j'entend un écho étrange. Mon nom ! Quelqu'un a prononcé mon nom ! La deuxième phrase me parvient plus clairement. C'est lui, mon sauveur me demande où je suis. Si seulement je le savais moi-même. Il me dit alors de suivre sa voix pour trouver le chemin du retour. L'idée n'est pas bête et je tente alors de bien identifier d'où cette dernière me parvient. Alors qu'il s'apprête à me dire quelque chose, il semble interrompu. Le démon est-il finalement dans le monde réel ? Je commence à trembler comme une feuille, me dirigeant dans la direction où j'avais entendu la voix. J'ai peur que quelque chose n'arrive à mes parents. Oui j'ai quelques froids avec eux ces derniers temps, mais je ne souhaite pour rien au monde qu'un démon s'en prenne à eux par ma faute. Et cet innocent qui tente de m'aider ... s'il mourrait par ma faute ? J'essaie de ne pas trop y penser, mais les idées sont envahissantes et se bousculent dans ma tête. À un tel point que j'oublie presque d'avancer. Brisant ce tourbillon cervical, la voix de l'homme me parvient à nouveau en écho. Elle semble plus agitée qu'elle ne l'était plus tôt.

Barnabas
Alex ! Tu dois me dire vite où je pourrais trouver un miroir... un grand miroir au second étage !

Je m'arrête pour réfléchir. La réponse pourtant évidente ne me vient pas tout de suite, presque pour faire exprès. Je pense alors au miroir dans la salle de bain, celui qui est plaqué contre la porte et en prend une grande partie. Je cris la réponse de toutes mes forces, espérant qu'il n'est pas trop tard et qu'il entendra.

Alex
Dans la salle de bain ! Il y en a un long accroché au dos de la porte !

Un grognement presque animal retentit près de moi. Pauvre idiot, en criant de la sorte je viens définitivement d'attirer l'attention d'un démon qui rôdait non loin de là. J'avale bruyamment ma salive et tente de ne plus bouger du tout. Je tourne la tête à gauche, puis à droite, mais je ne vois rien. Pas évident non plus avec ce brouillard. Je me tourne alors pour vérifier derrière moi en espérant que la chose soit derrière moi et non dans la direction de la maison. Je vois une ombre se rapprocher. Un long frisson parcoure ma colonne et je m'élance en direction de la maison. La bête rugit puis s'élance à son tour. Je cours rapidement, en espérant atteindre bientôt ma maison. J'espère également que tout se passe bien dans le monde réel.

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En Toutes Âmes Confondues

Dans la boule à neige, juste sous mes yeux, Alex apparaît dans la brume. La salle de bain. Oui, la salle de bain. Logiquement. Mon souffle est court et à quelques pas de démon de moi se trouve une bête qui frémit des cris de haine. Quoi qu'il arrive, j'espère que les parents un escalier plus bas ne monteront pas. Je souhaite encore moins qu'ils appellent la police ou un truc du genre. Jamais une situation n'a été aussi mal dans mon cas, et je ne veux certainement pas qu'elle empire. Avant de me lancer vers le trouble, je porte mon aura à Alex et lui dicte:

_Qui que tu vois... Surtout ne-

Coup infernal contre le mur sur lequel je suis appuyé. Je crispe mon visage, mes muscles, et serre les dents. Les meubles à mes côtés aussi ont été agité par le coup. Le démon est dans la pièce d'à côté, sans faute. Et plus encore: il connait désormais ma position exacte. Je n'ai pas le temps de dire à Alex de ne pas s'approcher des esprits, quel qu'ils soient, sous peine de se faire violenter. Je n'ai point le temps de rien faire, en fait, si ce n'est que déguerpir le plus rapidement possible avant que l'intrus de rouge décide d'utiliser la porte pour venir me tuer plutôt que de donner des coups dans le mur. Un second se fait, d'ailleurs. Je manque tomber à la renverse.

Mais je garde mon arme de verre bien en main. J'accoure vers la sortie et quitte la chambre des maîtres avant de me faire attraper par un patte de griffes. Je n'y vois rien, si ce n'est que quelques pouces à mes pieds grâce à l'éclairage de ma boule à neige. Je murmure, à moi-même:

_S'il te plaît, grand-père... Aidez-moi.

Presque automatiquement, ma boule à neige émet une puissante lumière rougeâtre dans tout de le second étage. Je plisse mes paupières douloureuse tant la lueur est puissante. Et je n'ai qu'une seconde pour voir un énorme démon à queue de Diable sortir sa tête d'un cadre de porte, le voir me fixer et me crier dessus avant de hurler, toutes rages dehors. L'effroi me donne un sursaut momentané, mais je me ressaisis. Maintenant, il ne me reste qu'à découvrir ou est la salle de bain. Seulement ça. Comme si c'était une tâche facile.

Je tourne mes pas et virevolte mon œil partout. Il accroche un lavabo, une toilette. Mon cœur manque un battement. J'ai trouvé! J'accoure, mais la patte du démon qui veut ma mort m'atteint de plein fouet. Je pousse un grognement de douleur et, comme un réflexe que je ne connaissais pas, je projette ma boule à neige vers le visage de la créature, toujours en la tenant bien fermement. L'immense lumière en jaillissant lui brûle les globes, et c'est en criant qu'il mets les paumes sur les yeux. Nos cris de douleurs s'entremêlent et je plonge dans la pièce convoitée avant de refermer la porte derrière moi et de la barrée.

Mon élan me fait reculer de plusieurs pas incontrôlés et le bord du bain trouve mes mollets. Je tombe dans le bain à m'entremêler dans le rideau de douche. Mon crâne se cogne contre le carrelage et je gémis. Non. Je ne dois pas faiblir. Je me secoue. Mon bras saignant de trois griffes me fait de l'œil. Je l'examine un moment, puis renonce. La douleur semble pire lorsque la plaie est regardée.

Puis je me vois dans le reflet d'un grand miroir contre la porte qui n'est pas secouée par les folies du démon. Mais qui le sera une fois qu'il ne sera plus aveuglé. Sera-t-il assez grand? Je ne pourrais dire. Mais c'est notre dernière chance. Je ne prends même pas la peine de modifier ma position et fixe ma boule à neige. De toute mes forces. Je me concentre. Puis autour de moi, tout disparaît. Mon corps s'affaisse mollement, à moitié dans le bain, mais mon aura visualise un brouillard infini se créer autour de moi. Je suis de l'autre côté. Pour un instant. Je me sens déjà faiblir, tellement...

Je ferme les yeux et tente de sentir l'énergie de Alex, de sa maison... Je la découvre et y prend course. Je sens une présence néfaste. Très néfaste. Tout près de celle de Alex. Non. Non, pas un second démon. Il ne faut pas. Nous serions perdus si lui aussi parvenait à entrer dans notre monde...

Je cours alors. Le plus vite que mes jambes me le permettent. Puis j'arrive devant Alex. Enfin, je crois. Il est de dos à moi. Lui aussi presse le pas. J'arrive à sa hauteur et empoigne son bras.

_Cours! Cours plus vite!

Je ne sais qui se trouve derrière nous, mais devant nous se dresse la maison des Jordan. Ce n'est plus qu'une question de minutes. Avant notre réussite, ou notre mort. Une question de minutes. Tout mon être tremble.

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PART IV : IN EXTREMIS

Mes pieds fauchent le sol à la plus grande vitesse qu'ils le peuvent. N'ayant pas eu l'occasion de bien voir le démon, je n'ai aucune idée de ses capacités physiques et donc de son aptitude à me rattraper. Une chose est sure, je ne le sens pas bien loin et il ne semble pas se fatiguer contrairement à moi. Ma pulsation cardiaque est à son maximum et je baisse la tête la majorité du temps parce que de toute façon, je n'y vois rien devant moi.

Le démon grogne puis je sens un souffle derrière mon cou. Ça y est, il est trop tard, la bête va planter sa dentition pourrie dans ma chair et faire de moi son prisonnier ou son repas selon ses désirs. Je ferme les yeux un instant, croyant vraiment que c'est la fin. Pourtant, en moins d'une seconde le souffle se transforme en voix humaine et on me prend pas le bras.

Barnabas
Cours ! Cours plus vite !

C'est lui ! Il est de retour dans le monde astral et il vient me sauver à nouveau. La situation ne me permet cependant pas de sourire ni de profiter de ma joie. La peur de mourir brouille tous mes autres sensations et je suis sur l'instinct de survie. Comme sur le pilote automatique. Impossible pour moi de courir plus vite, mais l'homme qui tire sur mon bras me prête une infime partie de sa vitesse. Devant nous, une ombre imposante apparait et se dessine lentement. Je reconnais avec bonheur les contours de ma maison et je me dis que nous avons peut être une chance de nous en sortir vivants finalement. Je réussi alors à prononcer quelques mots, le souffle coupé.

Alex
Il va falloir se dépêcher à refermer la porte d'entrée !

Le brouillard perd de son opacité et nous nous trouvons enfin sur la rue. La vue de ma maison me donne un dernier coup de pouce, comme si mon corps savait que c'était le sprint final. Mes yeux fixent la porte d'entrée, nous y sommes presque, mais voilà que la bête bondit par dessous nous et atterrit devant celle-ci.

Alex
La porte patio derrière la maison ! Vite !

Cette fois-ci, c'est moi qui l'entraine vers l'arrière en espérant que la porte ne soit pas verrouillée.

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En Toutes Âmes Confondues

Il semble effrayé. Surpris. Tout normalement. Qui ne le serait pas dans sa situation? Moi qui avait gardé son sang froid jusque là eut un crainte au ventre. Un effroi. Non pas devant le démon, ni devant les brouillard. Mais devant le visage de cet adolescent. S'il mourrait... Si... Je ne devais y penser.

Puis nos jambes au galop nous conduire enfin devant sa maison. Je la reconnus. La même qui m'avait accueilli ce matin. Je redouble la cadence, entraînant Alex avec moi. Pour que nous allions vite. Toujours plus vite. Derrière nous, j'avais l'impression de laisser des traînées de cris et grognements monstrueux. Mais nous y étions presque. Presque...

Ombre gigantesque qui s'affale devant notre but. Je m'arrête sec en levant mes yeux sur le monstre, puis prend la direction que propose Alex. Et je repense au démon au deuxième. Il doit encore être à ma recherche. S'il découvre que je suis dans la salle de bain et qu'il fracasse la porte, il n'aura qu'à tuer ce corps qui dort toujours dans le bain pour m'empêcher de revenir. Je prie qu'un tel scénario ne se produise pas.

Nous faisons tour de la maison. La bête innommable derrière nous hurle et nous pourchasse. Ses pas font échos dans le vide de ce monde, puis je discerne le patio, puis sa porte. J'escalade les marches de bois à une vitesse folle, ouvre la porte coulissante, pousse Alex à l'intérieur, l'accompagne et referme la porte.

Essoufflé, je me retourne et fonce dans le verre un monstre, horrible et rouge. Il gratte la porte qui ne veut céder, mais le moustiquaire est foutu. Le temps de prendre son souffle, deux secondes tout au plus, puis je prends encore Alex par le bras. Ma tête fouille tous les sens. Je cherche les escaliers menant au second étage. Les trouve, enfin. D'une voix haletante, je lui dis:

_Je suis au deuxième étage. Retrouve-moi là.

En lui parlant doucement, le fixant au creux des yeux. Et je me dissipe et disparaît.

Puis je m'éveille en sursaut dans une baignoire de salle de bain du second étage.

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PART V : REUNITED

Quel soulagement de voir que la porte glisse dans son rail lorsque Barnabas tire sur la poignée. Il me pousse à l'intérieur avant d'entrer également en refermant la porte rapidement. La bête qui nous poursuivait se heurte à la porte de verre et tente de la briser. Les quelques fissures ne sont heureusement pas suffisantes pour faire voler la porte en éclats, du moins pour l'instant. Mon sauveur se tourne alors vers moi pour me parler en regardant droit dans mes yeux.

Barnabas
Je suis au deuxième étage. Retrouve-moi là.

Il se dissipe alors lentement et j'en déduis qu'il est de retour dans le monde normal. Le monstre fonce de nouveau dans la porte patio et le bruit de l'impact me ramène à un état de presse. Ce n'est toujours pas gagné pour moi, il faut que je fonce dans mon corps endormi à l'étage. Je fonce donc vers les escaliers qui mènent à l'étage. Au même moment, j'entend la porte patio se fracasser suite aux impacts répétés du démon. Je n'ai pas de temps à perdre, il faut que je retrouve mon corps. En entrant dans ma chambre, je vois mon propre corps encore endormi à l'endroit où je l'ai quitté. Quelle joie j'éprouve alors à ce moment, mais l'heure n'est pas à la célébration, j'entend les pas pressés de la bête dans les escaliers. Sans réfléchir, je fonce sur mon corps en espérant que cela fonctionne.

Tout devient subitement noir, puis je me réveille dans le monde réel. J'éprouve quelques faiblesses et me lever s'avère ardue. Peut être ai-je perdu l'habitude de mon corps. Les paroles de Barnabas me reviennent alors en tête et j'entend des bruits de fracas à l'étage. Je sors de ma chambre pour constater avec horreur que le démon qui m'a enlevé est maintenant dans notre monde. L'hideuse bête noire s'affaire à gratter la porte de la salle de bain et j'en déduis que l'homme s'y trouve. J'ignore s'il est parvenu à revenir ici ou même s'il a un plan, mais je siffle pour attirer l'attention du démon. Ce dernier tourne sa tête squelettique et couverte de lambeaux de chair calcinée vers moi et ses yeux rouges s'enragent encore plus lorsqu'ils tombent sur les miens. Le démon se tourne vers moi et avance lentement.

Alex
Eh ... tu peux sortir de la salle de bain !!! Aide-moi !!

J'entend ensuite ma mère crier mon nom à l'étage inférieur. La bête s'arrête et me sourit de toutes ses dents pourries puis s'élance vers les escaliers.

Alex
Au secours !! Il va s'en prendre à mes parents !!

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En Toutes Âmes Confondues

Je reprends mon souffle et j'aperçois sous une perspective étrange la douche, son rideau, ses murs, son plafond, sa pôle... Je bats des paupières et me redresse difficilement en frottant ma tête battante de douleur. Puis ma vision prend son optique normal et je me retrouve face à face avec mon relfet dans la glace du miroir contre la porte. Cette porte qui gratte et qui grogne de son autre face.

Je dois parvenir à y faire pénétrer le démon. Dans le miroir. Pour qu'il prenne chemin à sens unique vers l'autre monde. Je serre ma boule à neige et me relève. Mon visage est déterminé et dur. Je suis bien décidé à le faire. J'approche ma main de la poignée de porte. Un cris. Celui de Alex. Il a réussit! J'écarquille les yeux et maintient la porte en appuyant mon oreille dessus. J'arrive avec peine à comprendre ce qu'il dit, en partie: le démon va s'en prendre à ses parents.

Non. Non il ne faut pas. J'ouvre la porte de la salle de bain drastiquement. Effectivement, le monstre n'y est plus. Alors je prends pas de course et accroche Alex au passage en lui ordonnant de me suivre.

_Viens. J'aurai besoin de ton aide.

Et je dévale les escaliers. Elles sont tachées de traces de démons. Je prie intérieurement que ses parents auront le temps de se cacher. Je ne leur crie pas. Je n'en fais commentaire. Parce qu'ils ont sûrement eut l'initiative, déjà, sans quoi ils seraient morts déjà. Et parce que je ne veux inquiéter le jeune...

_Aide-moi. Il faudra pousser le démon dans un miroir. Assez grand. Nous n'avons pas beaucoup de temps, il gagne en force. Guide-moi.

Car je ne connais pas la maison. Nous arrivons à l'étage d'en bas, où la clarté est dissimulée par une vape de noirceur putride. Sans doute celle que l'horrible trimbale avec lui. Justement. Il est devant nous et fouille les corridors en rugissant.

_Hey. C'est nous que tu veux. Pas eux.

Je sais que le démon comprendra de qui je parle. Je pousse Alex derrière moi pour le protéger, et il s'avance vers nous. Je tend ma boule à neige vers le monstre et celle-ci éclaire les lieux comme mille deux, encore une fois. Le démon est aveuglé. Hurle de souffrance et de rage. Titube. Il n'avait toujours pas comprit mon arme, apparemment. Ou ne peut simplement rien y faire. Je plisse les yeux aussi, tant la lueur est puissante. Maintenant, c'est à Alex de jouer. Et vite. Un miroir. Il faut le pousser dans un miroir.

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PART VI : REFLECTION

Chaque bruit de pas pressé dans l'escalier est comme un coup de poing au visage. Ma mère et mon père sont désormais en grand danger par ma faute. Ce n'est pas Barnabas qui l'a emmené ici, mais plutôt moi qui l'ai attiré dans mon voyage astral. Barnabas ouvre alors la porte et m'empoigne par le bras pour m'entrainer dans les escaliers. Le démon y a laissé des traces bien évidentes de son passage.

Barnabas
Viens. J'aurai besoin de ton aide. Aide-moi. Il faudra pousser le démon dans un miroir. Assez grand. Nous n'avons pas beaucoup de temps, il gagne en force. Guide-moi.

Nous arrivons au rez-de-chaussée et je regarde partout autour de moi. À la recherche de mes parents, à la recherche du démon qui veut les utiliser pour se venger. Je sue à grosses gouttes et mon coeur bat plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. La bête vire tout sans dessus dessous en hurlant d'une façon inhumaine. Je frémis d'angoisse en ayant peur que ce soit la fin pour nous tous.

Barnabas
Hey. C'est nous que tu veux. Pas eux.

Le médium me pousse alors derrière lui et sort une boule de neige qui devient d'une luminosité rapidement aveuglante pour nous tous. Je mets un peu de temps à réaliser que c'est à moi de jouer de maintenant. Il faut que je trouve un miroir et que j'y pousse la bête noire. Il faut que ce démon retourne d'où il est venu, car ce monde ne lui appartient pas. Cherchant mon chemin en mettant mes mains devant mes yeux pour diminuer l'éblouissement, je trébuche près du divan. Barnabas est toujours dans l'entrée, faisant face au corridor central. Je me relève et réalise qu'il y a un miroir dans la petite salle de bain du corridor. Je contourne donc le démon par le salon et atterrit de nouveau dans le corridor, dans son dos cette fois. J'ouvre la porte de la petite salle de bain et y pousse la bête qui est devenue maladroite face à tant de luminosité. Je referme la porte rapidement et me tourne vers l'homme.

Alex
Il y a un miroir dans cette autre salle de bain ! Viens vite !

Le démon fonce dans la porte pour tenter de sortir. Qu'allons-nous faire ?

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En Toutes Âmes Confondues

Je continue à éclairer à m’en rendre aveugle. Mes yeux versent des larmes d’eux-mêmes. Mais je ne veux quitter le monstre des yeux. Je ne dois pas faillir à cette précision que je contrôle de très très peu. Alex prend course. Je crie son nom alors qu’il déguerpit après avoir trébuché sur le divan. Je crains pour lui. Où court-il ainsi? Mon cœur me frappe les tempes violemment. Le démon vacille, porte ses pattes à ses yeux, et hurle la douleur. Il titube des pas à reculons, et je m’avance. Pour prendre le contrôle. Pour le dominer. Qu’il s’ache que je le tiens dans le creux de la main.

La boule à neige devient brûlante dans ma paume. Je serre les dents et avance toujours vers la bête. Elle commence à trembler. Je sens qu’elle va exploser. Mais je ne mets fin à cette ruse. Puis surgit de nul par Alex qui le pousse dans la salle de bain. Je sursaute et perd ma concentration. S’éteint la lueur extrême au moment que le claquement de la porte vient à mon ouïe. Je suis en nage, d’essoufflement, aussi.

_Bien joué.

Je réussis à lui murmurer entre deux souffles. Mon bras tenant la boule à neige est fumant. Tout comme l’objet. Je me porte au côté de mon corps. Le cache derrière moi, du même coup. Je l’examine et plisse les sourcils de douleur. L’avant-bras est bouillant jusqu’au coude. Cramé. Temporairement, sans doute. Mes longs gants, eux, sont fichus.

Je porte lourd regard à Alex. Je ne pourrai maîtriser le démon avec un bras en moins. Il devra m’aider, sinon le pousser dans l’autre monde à ma place. Je m’approche de lui, toujours en dissimulant mon bras derrière moi pour ne pas qu’il ait peur.

_Parfait. Il faudra faire vite, maintenant. Je vais…

Je suis essoufflé. Et épuisé. Je respire un peu, le temps que les saccade de ma gorge ne cesse, puis me reprend :

_Nous allons utiliser le miroir pour créer une brèche vers le monde astral. De cette brèche peut ressurgir tous les démons qui soient. Plus nous la laissons ouverte longtemps, plus ils pourront sentir notre odeur et s’y précipiter. Alors nous devrons agir vite…

La porte de la salle de bain est fortement secouée. Le démon y hurle et panique depuis qu’il y est. Mais cette fois, il a reprit la vue, sans doute. Et a découvert la porte. Tente de la fracasser. Je vais me plaquer contre celle-ci pour ne pas que ses gonds ne cèdent.

_Dès que la brèche est ouverte, nous devront pousser le démon à l’intérieur. Je pourrais la refermer immédiatement après. Tu as compris?

Je le regarde au creux de l’œil pour m’assurer qu’il a bien comprit le plan. Car il devra être rapide, efficace, et fait du premier coup. Car nous n’aurons d’autres chances.

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PART VII : A PORTAL

Le démon tente d'enfoncer la porte sans être assez intelligent pour se rendre compte qu'elle n'est pas verrouillée. Je ne touche pas la poignée pour ne pas lui vendre la mèche. Voyant que j'exerce une pression dessus, il pourrait se rendre compte qu'elle n'est pas verrouillée. Je tourne la tête vers mon sauveur qui s'approche et constate qu'il cache l'un de ses bras derrière lui. Je vois un peu de fumée s'échapper et je suis inquiet. Lui est-il arrivé quelque chose ? La magie dont il a fait usage demandait visiblement beaucoup d'endurance et sa respiration est forte. Il s'adresse à moi en ayant de la difficulté à reprendre son souffle.

Barnabas
Parfait. Il faudra faire vite, maintenant. Je vais… Nous allons utiliser le miroir pour créer une brèche vers le monde astral. De cette brèche peut ressurgir tous les démons qui soient. Plus nous la laissons ouverte longtemps, plus ils pourront sentir notre odeur et s’y précipiter. Alors nous devrons agir vite…

Il s'adosse à la porte, toujours secouée par le démon noir. Je ne comprend pas exactement comment il va arriver à créer une brèche, mais je lui fait confiance. Après tout, c'est grâce à lui que je suis de nouveau dans le monde réel. Je suis nerveux, mais déterminé à mener le plan jusqu'au bout. Surtout que si nous échouons, la situation pourrait bien devenir pire qu'elle ne l'ait déjà.

Barnabas
Dès que la brèche est ouverte, nous devront pousser le démon à l’intérieur. Je pourrais la refermer immédiatement après. Tu as compris?

Alex
Oui, excellent !

Je fais un décompte de trois à un avec mes doigts pour éviter que le démon ne sache quand nous allons ouvrir la porte. Je fais ensuite un hochement de tête pour signifier à l'homme que je vais ouvrir la porte. Prenant mon courage à deux mains je tourne la poignée et fait violemment irruption dans la pièce en poussant la bête de toutes mes forces. Elle tombe au sol. J'attend ensuite que l'homme fasse sa brèche dans le miroir pour y pousser à nouveau le démon qui se relève.

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En Toutes Âmes Confondues

Il y a un décompte. Je sens mon cœur rompre à tout battre. Quand ai-je fait une brèche entre deux monde ainsi? Il y a environ... cinq ans de cela. C'est quelque chose qu'il est impossible d'oublier, mais qui est très facile à manquer. Le décompte arrive à son zéro, et l'adolescent me fait un hochement de tête. Je serre les dents, et pousse la porte pour me retrouver dans la salle de bain avec lui.

Il s'élance sur le début et j'arrête mon élan, prit de court. Je recule même mon dos vers l'arrière. Ce jeune homme est courageux. Très. Ce n'est pas n'importe qui qui se serait lancé sur un monstre de la sorte. Mais trêve de pensées, je jette mon menton dans tous les sens et laissent mon regard parcourir chaque coins de la pièce. Je tombe finalement sur mon reflet. Un miroir. Assez grand. Ça devrait faire l'affaire.

Je ne prends le temps de me tourner vers Alex et ne peut qu'espérer que la bête ne lui ait ouvert la peau. Puis me tend mon bras sans blessure vers le miroir. Je me concentre. Mes yeux révulsent et apparait l'autre monde derrière paupières. Je le vois. Très bien. Et de toute mes forces, je concentre mon énergie pour le puiser et le faire apparaître dans la métaphysique du miroir. Chaque miroir à son irréel et son métaphysique. Je n'ai qu'à l'exploiter.

Un bruit sinistre, tel un cri de fauve mourant, arrache nos tympans. Je crispe mon visage et serre ma main devant moi. Une boucane grisâtre dégouline alors doucement du miroir. Une sueur perle à mon front; je n'ai bientôt plus d'énergie. Mais la brèche entre les deux mondes est créée.

_Maintenant!

Je crie de toute mes forces par dessus le chaos des cris à Alex. Et je me tourne vers lui pour, peut-être, l'aider à lancer le démon vers sa demeure. En espérant ne plus jamais le revoir.

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PART VIII : BACK TO NORMAL

Des morceaux de chair noire tombaient sur le sol. L'étrange démon en perdait constamment, mais ils semblaient finir par repousser. Je regardai son hideux crâne et ne put soutenir son regard rouge. Ces yeux démoniaques, je ne voulais plus jamais les revoir. Mais ce n'était pas encore gagné, il fallait que l'homme ouvre la porte sur l'autre monde.La créature hurle et je couvre mes oreilles. Alors qu'elle se relève et s'apprête à se jeter sur nous, je constate une étrange fumée sur le miroir. Il a réussi.

Barnabas
Maintenant !

Le démon se jette sur moi avant que je ne puisse réagir proprement. Je tombe violemment au sol et pousse de toutes mes forces pour tenir la créature le plus loin possible de moi. Mais elle est puissante et mes efforts sont vains, car son visage se rapproche de plus en plus du miens. Je maintiens pression sur son thorax, mais rien n'y change. J'entend alors les cris d'un autre démon qui a probablement flairé la brèche entre nos deux mondes. Il faut que mon sauveur m'aide sinon tout est foutu. Pousser le démon dans le miroir est la chose qu'il faut faire au plus vite, ou la situation risque d'empirer. Je plie mes jambes et les place sur le bassin du démon pour exercer une force supplémentaire afin de tenter de m'en séparer.

Alex
Aide-moi !

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En Toutes Âmes Confondues

Ma tête tourne. Des sueurs froides perlent sur mon front. Je perds l'orientation de la, pourtant, si petite salle de bain et cherche le Nord tant bien que mal. Je vois alors le démon foncer. Foncer sur Alex. Ce geste vif me ramène droit sur terre. Et bien que je n'ai plus d'énergie, l'adrénaline me donne une poussée miraculeuse pour que je puisse me lancer sur le monstre qui met tout son poids sur ce jeune homme me suppliant de l'aider.

Je pousse la créature, la plaque contre le sol. C'est un geste stupide, mais le seul que je pouvais faire dans ces délais trop court. Alors je m'agrippe à son corps. Puis le démon me gifle du revers de la main, coup que j'esquive à temps pour ne pas que sa griffe me crève l'œil; elle m'érafle la pommette au sang tout simplement. Puis la chose se redresse rapidement, folle de rage. Alors je m'agrippe à elle; pas question que je la laisse filer. J'entre mes ongles, mes doigts dans la chair en lambeaux de son cou. Je gémis de force. Elle hurle de douleur. Mes mains glissent dans un sang visqueux et noir comme les abysses. Et je ne réfléchit pas; je la pousse de toute mes forces dans le miroir, avec un cri glissant hors de mes lèvres.

Le dos du démon passe dans le miroir comme s'il avait s'agit d'eau. Il écarquille ses énormes yeux rouges et moribondes et hurle de détresse. Ses mains charnues s'agrippent au cadrage du miroir pour ne pas se faire éjecter dans son monde. Je tente de l'y entraîner en l'y pousser de toute mes forces.

_Alex! Pousse!

J,y suis presque. Des sueurs dégoûtent de mon visage crispé et viennent se mourir sur le sol. Mon cœur bat à tout rompre; mais nous y sommes presque. Presque! Impossible de renoncer!

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PART IX : LEAVE THIS WORLD

Mes pupilles s'agrandissent ; le visage du démon qui s'approche du miens fait de l'obscurité. Alors que je me sens faiblir et que je suis sur le point de céder, l'homme pousse la chose au sol. Mes bras retombent au sol et je pousse un soupir de soulagement. Le temps de me relever, la bête l'est déjà et se bats maintenant contre mon sauveur. J'aimerais pouvoir le nommer, mais il ne m'a toujours pas dit son nom. Peut être le fera-t-il si nous nous en sortons en vie. Ses mains s'enfoncent dans le cou de la bête et un sang noir comme le pétrole s'en échappe. Pourquoi de telles créatures existent-elles ? Elles sortent tout droit des pires cauchemars de l'homme.

Le medium pousse le démon vers le miroir, mais ce dernier s'agrippe au cadrage pour éviter de retourner dans son monde. Derrière lui, j'aperçois une autre créature qui s'approche. Celle qui criait plus tôt. Si nous ne fermons pas cette porte au plus vite, des dizaines de démons vont en profiter pour se faufiler dans le monde des vivants.

Barnabas
Alex ! Pousse !

Je fonce sur la bête, bras tendus, dans l'espoir que l'impact de la collision sera suffisant pour faire perdre l'équilibre à la bête. C'est ce qui se produit ; le démon, surpris par le choc, n'a pas la force nécessaire pour rester agrippé au cadrage et bascule de l'autre côté du miroir.

Alex
Referme la porte vite !

En Toutes Âmes Confondues

Alors que la sueur dégoute de mon front sans répit, que mes muscles tremblent comme l'impossible, que je gémis de douleur et de force et que je sens mon énergie s'évincer de mon corps, une poussée. Dans la même direction que la mienne. Je sens mes os relâcher leur tension et se saccader dans la secousse. Le démon devant nous glisse, lâche prise, hurle et est jeté vers l'arrière. Je le vois disparaître dans le noir, le néant. Parmi ses semblables, sans l'ombre d'un doute, tout aussi horribles que lui.

Je fais trois grands pas vers l'arrière, comme pour fuir cet enfer. Je ne veux plus m'en approcher. N'y même y penser. Ferme la porte. Ferme la porte, hurle Alex. Oui. Oui je ferme la porte. Ma tête tourne et mon énergie me manque. Mon cœur est au bord de ma bouche et à celui de l'éclatement. Du miroir, des cris et des courses se font entendre en terrible et bien trop rapide crescendo. Ma main tremblante et fumante se monte d'une dernière fatigue vers la porte et se referme dans un poing serré. Au même instant, le miroir reprend son allure normal et tous les bruits cessent. Il n'y a plus que le vide, silence troublant, comblé de nos respirations saccadées.

Je m'appuie lourdement contre le lavabo. J'ai l'impression que ma colonne vertébrale n'a plus la force de soutenir mon corps. Je suis tremblant, essoufflé et épuisé. Mon regard fixe le sol et je réfléchis; j'ai l'impression que tout cela n'est pas terminé. Que le cauchemar continuera. Il ne peut être terminé. Pas aussi facilement, non? Facilement... Drôle à dire alors que j'ai un bras carbonisé et que je suis littéralement à bout de force.

_Tes... Tes parents... Alex... Tes parents...

Je pense à eux, alors. Subitement. Ils ont été au premier étage seul avec le monstre pendant un certain temps. Alors je lui dis entre deux souffles, dans un murmure désespéré. Moi, je n'ai plus la force de marcher. Pas pour le moment.

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PART X : A COFFEE PERHAPS ?

Il referme la porte et tout s'arrête en un instant. Mon coeur reprend lentement son rythme habituel, pour la première fois depuis une bonne heure. Quel soulagement que de croire que tout est terminé. Mais c'est probablement trop beau pour être vrai. Il ne suffit que d'un autre voyage astral pour que le cauchemar recommence. Le démon ne m'aura surement pas oublié, peut être se mettra-t-il même à ma recherche. Alors que je commence déjà à spéculer, l'homme me tire de mes pensées.

Barnabas
Tes... Tes parents... Alex... Tes parents...

Mais oui mes parents ! Je m'en voulais d'avoir cru que tout était bien qui finissait bien ... peut être étaient-ils blessés ? Je quittai alors la salle de bain pour me diriger vers le sous-sol. Je descendis les escaliers en bois en criant que tout était fini. J'espérais qu'ils sortent de leur cachette et qu'ils n'aient rien. S'il fallait que le démon leur ai fait quelque chose par ma faute, je ne me le pardonnerais jamais. Ma mère et mon père sortirent d'un garde-robe en trombe et se jetèrent sur moi. Voilà deux semaines que nous avions été séparés. L'heure n'était pas aux questions, seulement aux retrouvailles. Nous passâmes plusieurs minutes enlacés avant de décider de monter à l'étage. J'avais quelqu'un de bien spécial à remercier.

Alex
Ils vont bien, que quelques égratignures ! Je ... je tiens absolument à te remercier, sans toi je serais encore prisonnier de cette chose ! Je ne connais même pas ton nom ...

Je lui offris un grand sourire. Ma mère elle, lui offrit un café et une place sur le divan. Je doutais qu'il accepterait, il en avait déjà assez fait pour nous. Mais il semblait épuisé.

J'avertis Alex de vite aller rejoindre ses parents. Je sais que le démon n'a aucune pitié, et qu'il se serait attaqué aux être chers de Alex s'il avait désiré le torturer. L'adolescent s'enfuit pour retrouver sa famille, juste sous mes yeux voyant flou et obscure. Ma cervelle cogne dans ses parois, la migraine fait rage. Je m'appuis de mes deux mains sur le sol et me redresse péniblement, toussotant au désespoir. Un peu plus et ce monstre m'aurait achevé.

Je me redresse. Mon pieds glisse sur le carrelage de la salle de bain et je me rattrape en vitesse. Soubresaut de mon souffle épuisé. J'avale difficilement et parviens à me mettre debout. Mes muscles sont tremblants, et ma vision est double. Un bon bain chaud me tenterait plus que tout à l'instant. Ainsi qu'une couette de plume d'oie.

Je marche en titubant direction la sortie de la salle de bain. Je prends plusieurs minutes à effectuer ce trajet et me rendre au salon. Je boite légèrement et met beaucoup de temps à reprendre un souffle normal. Enfin je prends courage de redresser mon dos courbé d'entorse et lève mon menton sur les Jordan arrivant à point.

Ils vont bien. Les parents vont bien. Je soupire de soulagement et ferme les paupières. Histoire de me reposer l'esprit quelques secondes. Dans le noir de mes yeux clos, j'entends Alex me remercier et me demander mon nom sans le faire. Aussi la mère m'offrir un café. J'ouvre les yeux sur elle.

_Un thé... Je prendrais bien un thé, je vous prie.

Rien de mieux, pour l'instant, je ne pouvais imaginer comme hospitalité qu'un bon thé. Et je m'approche de Alex, lui tend la main et me présente:

_Pardon, j'omettais cette information. Barnabas Mordecai, pâtissier de profession et aidant de voyageurs astraux à l'occasion.

Je lui fais sourire fatigué mais franc.

_Ne me remercie pas, je t'en prie. C'est tout naturel. J'aimerais te donner quelque chose, Alex.

Je tourne ma tête vers la gauche, la droite. Je cherche mon sac à dos et le trouve toujours à la même place où je l'avais laissé, prêt du fauteuil. Je vais le saisir et y ressors une poupée. Ses yeux sont cousus en boutons, et ses cheveux sont des laines effilochées. Elle est visiblement artisanale, tout de même mignonne dans sa petite robe rayée.

_C'est moi qui l'est fait. Pour toi. Dès que tu a peur, que tu cauchemarde, parle-lui. Elle te suivra dans l'autre monde, garde-la toujours avec toi la nuit. Si tu lui parles, je t'entendrai et je viendrai à ton aide. Tu comprends?

Je lui laisse la poupée et lui fait un regard sérieux.

Spoiler:

PART XI : THE DOLL

Il ferme les yeux pour ne les ouvrir que lorsque ma mère lui offre un café.

Barnabas
Un thé... Je prendrais bien un thé, je vous prie. Pardon, j'omettais cette information. Barnabas Mordecai, pâtissier de profession et aidant de voyageurs astraux à l'occasion. Ne me remercie pas, je t'en prie. C'est tout naturel. J'aimerais te donner quelque chose, Alex.

Ma mère se dirige vers la cuisine pour préparer le thé alors que je sers la main que Barnabas m'a présenté. Dire que tout est redevenu si calme, alors qu'à peine un dizaine de minutes plus tôt, nous nous battions contre un démon. L'homme semble chercher quelque chose. Son sac ; il se dirige vers ce dernier et en ressors une poupée.

Barnabas
C'est moi qui l'est fait. Pour toi. Dès que tu a peur, que tu cauchemarde, parle-lui. Elle te suivra dans l'autre monde, garde-la toujours avec toi la nuit. Si tu lui parles, je t'entendrai et je viendrai à ton aide. Tu comprends?

Il me tend la poupée et je la prend dans mes mains. Je laisse échapper un léger ricanement. L'idée me semble farfelue, mais après tout, plus rien ne m'étonne réellement. Je le regarde puis le remercie. Ma mère entre dans le salon avec une grande assiette dans laquelle sont déposées trois tasses. L'une pour elle, l'une pour mon père et l'autre pour Barnabas. Aucune pour moi, car elle sait très bien que je ne bois pas de thé. Elle m'a plutôt apporté un chocolat chaud avec des guimauves. Je lui souris chaleureusement ; comme elle m'a manqué. Je prend une gorgée puis ma curiosité inlassable surmonte ma fatigue.

Alex
Où as-tu eu ces dons ?

En Toutes Âmes Confondues

Alex rit, je fais un sourire en coin. Pour une jeune adolescent, l'idée de traîner une poupée sur soi peut sembler enfantine et carrément efféminée, mais peut-être lui sauvera-t-elle la vie une de ces nuits, qui sait. Il me remercie, et moi je fais de même avec Madame Jordan qui entre dans la pièce avec un cabaret de boissons. Je prends mon thé avec un sourire gratifiant et y plonge les lèvres. Il est brûlant à souhait, mais la première gorgée seule me fait un énorme bien. Mes muscles ont totalement cessés de trembler. Et ma brûlure à la main tire moins mes muscles. C'est sans doute le réconfort de la nostalgie et des goûts natales.

Et puis Alex me pose une question que l'on ne m'avait jamais posé, à laquelle j'avais longuement réfléchis au cours de ma vie. Je rabaisse la vapeur de mon visage et hausse les épaules, sans trop savoir si ce que j'émets est à cent pour cent réel.

_Je ne pourrais dire précisément, navré. Mais il en est d'une partie de la génétique. Mon grand-père m'a légué ses dons avant sa mort. Maintenant il doit être... de l'autre côté.

Et je le regarde, plisse mes paupières en suspiçion et intérêt.

_Pourquoi? Se pourrait-il que tu aies découvert que tu aies, mis à part tes voyages astraux, un quelconque... don, toi aussi?

©BOOGYLOU.

PART XII : SURNATURAL POWERS

Le chocolat chaud brûle mon oesophage lors de sa descente, mais je ne peux m'empêcher de trouver le goût agréable. Tout est maintenant si calme qu'on dirait que ce n'est pas réel. Barnabas boit son thé et répond à la question que j'ai lancée sans me rendre compte de son ampleur.

Barnabas
Je ne pourrais dire précisément, navré. Mais il en est d'une partie de la génétique. Mon grand-père m'a légué ses dons avant sa mort. Maintenant il doit être... de l'autre côté. Pourquoi? Se pourrait-il que tu aies découvert que tu aies, mis à part tes voyages astraux, un quelconque... don, toi aussi?

Je réfléchis à la question et je suis perplexe. Mon visage se tourne alors vers ceux de mes parents qui, maintenant satisfaits de m'avoir retrouvé, semblent exiger des explications sur toute l'histoire. Par où commencer ? Il y a tant de choses à raconter, tant de choses que j'avais gardées secrètes jusqu'à maintenant. Avalant ma salive, je me lance dans les explications.

Alex
Je ... je ne crois pas être médium ... du moins c'est ce que madame Renoir m'a dit.

Ma mère me coupe rapidement. "Tu es allé voir cette femme ? Tout le voisinage dit que c'est une folle !".

Alex
Oui, je voulais savoir ce qui m'arrivait et son nom est apparu quand je cherchais une voyante en ligne. Laissez-moi finir maintenant ! Je ne vous ai pas tout dit sur l'incident du supermarché.

Je raconte alors l'histoire de mon premier voyage astral. Ainsi que celle de mon deuxième, lorsque je me suis endormi dans un supermarché après être resté enfermé après la fermeture. Ma rencontre avec le dragon nommé Theodore et comment j'ai réussi à lui échapper pour me réveiller à temps pour l'ouverture du magasin. Je raconte également que c'est pour comprendre que je suis allé voir Maeva Renoir. Finalement, j'explique ce qu'est un voyage astral et comment j'ai été captif pendant deux semaines du démon que moi et Barnabas venons de vaincre. Mes parents ne clignent presque pas des yeux, voulant probablement croire que j'invente tout. Mais après avoir eu-même vu le démon plus tôt, ils n'ont d'autre choix que de se rendre à l'évidence : je dis la vérité. Je me tourne alors vers Barnabas.

Alex
Tu as déjà fait des voyages astraux ? Ou tu es simplement médium ?

En Toutes Âmes Confondues

Alex ne me réponds pas sur-le-champs, il conserve le regard de ses parents avant. Je dépose ma tasse de thé sur son assiette dans un cliquetis qui brise le silence que l'on pourrait décrire interminable. Je racle ma gorge, très silencieusement, et caresse ma barbichette en fixant les feuilles de mon thé qui baigne dans la plus paisible des douceurs. Il dit ne crois pas être médium et parle de Maeva. La connais-je de personne? Non. Elle m'est apparut en rêve quelques fois sans que je ne sache pourquoi. Que sais-je sur elle? Rien. Apparemment qu'elle est bien difficile à rejoindre.

Et alors que la conversation tombe sur cette femme mystérieuse, la mère Jordan semble s'inquiéter. Peut-être n'aurais-je pas dû empresser de la sorte ma curiosité. Il est peut-être encore trop tôt pour évoquer de telles possibilités, alors que rien n'est fondé et que l'inquiétude pourrait être parsemé pour rien du tout. Et alors Alex se lance dans une histoire incroyable qui semble pourtant tout à fait véritable. Le menton baisser, le regard bien bas, je l'écoute de long en large sans sourciller. Comme ses parents qui, eux, semblent plutôt ébahis. Cette histoire est effrayante, pour le moins, inquiétante à s'en ronger les ongles. Un démon prenant l'apparence d'un dragon? Quel médium serait assez fou pour y faire face? Moi, peut-être. Avec Maeva Renoir, la seule que je puisse compter possiblement médium dans ce quartier. Je crains pour la suite des choses si une telle entité a pris pouvoir sur un si banal supermarché. Et Alex me jette une question à laquelle je réponds, évasivement:

_Euh... Non. Non, je n'ai jamais été coincé de l'autre côté. J'y ai toujours été de mon propre gré.

Je m'avance, d'un pas, oubliant pendant quelques secondes ma tasse qui se fait patienter dans mes mains.

_L'histoire que tu viens de nous compter est très grave. N'as-tu pas plus d'information sur ce démon? Et sur cette Maeva Renoir? J'ignore comment la rejoindre, bien que je crois qu'elle eut tenté de me contacter une fois ou deux...

Et c'est sans gêne, apparemment, que je dévoile combien je suis nouveau dans le quartier.

©BOOGYLOU.

Sujet: Re: En toutes âmes confondues — Alex

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En toutes âmes confondues — Alex

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