Je regarde passivement les arbres et les bâtiments passer dans la fenêtre de l'autobus. Je ne suis pas particulièrement motivé à aller à l'école aujourd'hui. C'est la journée carrières et plusieurs conférences sont prévues. Alors que la plupart des autres étudiants adorent l'idée de ne pas avoir de cours, je suis plutôt froid à l'idée de devoir me taper toute une série de conférences, assis sur une chaise dure. Déjà que moi, je ne sais pas encore tout à fait ce que je veux faire. En fait je le sais, c'est juste que dernièrement avec toutes ces expériences surnaturelles j'ai quelque peu oublié qu'il y a une vraie vie d'adulte qui m'attend.

Je sors de l'autobus en dernier, car à quoi bon me battre, je vais finir par sortir de toute façon. Je prend ensuite la direction de ma case pour y mettre mon sac d'école ainsi que mon lunch. Je ne garde qu'un calepin et un stylo pour prendre des notes, bien que je ne sois toujours pas motivé à assister à ces conférences. Je prend ensuite la direction du gymnase pour assister à la première. Jetant brièvement un coup d'oeil à l'horaire affiché, j'apprend qu'il s'agira d'une conférence animée par un politicien du nom d'Ethan. Je n'en fais pas de cas spécial et va m'asseoir sur une chaise. Je l'aperçois alors entrain de préparer des papiers pour sa conférence. Je n'aime pas les politiciens, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas comme les autres. Une carrière dans ce domaine ne m'intéresse pas du tout, mais pour une raison que j'ignore, je suis soudain enthousiaste et prêt à en apprendre plus sur l'homme en veston cravate. Qui sais, peut être vais-je même poser des questions ? Le directeur ordonne le silence et passe la parole à l'homme.     

La conférence commença et je fus hypnotisé par l'homme. Quelque chose d'indicible se dégageait de lui. Comme un véritable magnétisme. J'imagine que c'est une bonne qualité pour un politicien, un pré-requis peut être même. Il prit d'abord la parole pour donner ses conditions. Les élèves qui voulaient texter ou jouer à des jeux pouvaient quitter sur le champ et je fus surpris de voir que trois élèves eurent le culot de le faire. J'en profitai pour regarder autour de moi et je constatai qu'aucun autre élève avait eu la présence d'esprit de vouloir prendre des notes. La honte me gagna, mais je gardai tout de même le calepin sur mes genoux et mon stylo en main. L'homme poursuivit alors le début de sa conférence et utilisa un terme qui fit rire la salle pleine d'ados, mais qui fit froncer les sourcils du directeur, stupéfait. Finalement, le politicien se tourna vers moi et j'eu un certain malaise en regardant ses yeux.

Ethan
Vous par exemple, jeune homme. Votre nom ?

Horreur, quel horreur. Toute la salle se tourna vers moi et je n'aimais pas attirer ainsi l'attention. J'avais emmené un calepin et c'était la conséquence que j'avais. Il devait croire que j'étais motivé, bien que je le sois réellement de manière étrange. J'avalai ma salive afin de répondre.

Alex
Moi ? C'est Alex !

Les autres étudiants continuaient de me regarder puis tournèrent enfin leur regard vers le politicien lorsque j'eu dit mon nom. J'avais les mains moites et je gribouillais sur mon calepin sans m'en rendre compte. J'appréhendais ce qui allait se passer. Il allait probablement se servir de moi comme exemple ou même me demander de monter sur scène.         

L'homme m'invita à monter sur la scène. Ma plus grande crainte à cet instant venait de prendre forme. Pourquoi moi ? Pourquoi pas un autre étudiant écervelé qui dirait quelques conneries qui feraient rire les autres. Mais oui c'est vrai, j'avais fait l'erreur d'être respectueux et d'écouter l'homme. Je me levai donc afin d'aller le rejoindre sur scène. Il me serra la main et m'offrit un sourire que je lui retournai par politesse.

Ethan
Et bien bonjour à toi, Alex. J'aimerais savoir si tu as des questions concernant mon noble métier. Mais avant tout, tu ressens la sensation de se trouver devant des gens qui attendent ta réponse ? L'impression d'être jugé sur chaque mot que tu vas dire ? La goutte de sueur qui perle à la racine de tes cheveux ?

Mon coeur battait vite, mais j'avais connu pire au cours des dernières semaines. Tous ces démons qui m'avaient voulu du mal et dont je m'étais échappé de leur emprise de justesse. Il n'y avait rien de si stressant à être sur scène tout compte fait. Je réalisais par contre qu'il fallait beaucoup de cran pour être politicien. S'adresser à des foules et savoir que chaque mot sera décisif. Rassurer une population inquiète, la diriger. Je me rendais compte qu'on jugeait un peu trop vite l'ampleur de la tâche des politiciens.

Alex
Oui c'est ... gênant pour être honnête ...

J'eu un petit rire nerveux. Tous ces yeux soudainement rivés sur moi. L'attention des élèves avait augmentée depuis que j'étais sur scène. On espérait surement que je dise des conneries pour les faire rire ou encore que je bafouilles pour qu'ils puissent se moquer de moi. Je lui posai ensuite une question en espérant qu'il me relâche bientôt. Son énergie était étrange et maintenant que j'étais près de lui, c'était encore plus fort.

Alex
Comment faites-vous pour parler devant autant de gens, lorsque vous devez annoncer quelque chose qui, vous le savez, va leur déplaire ?